L’aide publique au développement (APD) est un indicateur permettant d’évaluer la part de la richesse des Etats investie dans la lutte contre la pauvreté et ses manifestations. A l’occasion de la publication par l’OCDE des chiffres de 2016, Action contre la Faim analyse la réponse qu’apporte l’APD française à ces enjeux.

En 2016 encore, la France a fait preuve de frilosité dans l’allocation de son aide publique au développement. Sa hausse de 4,6% ne l’empêche pas de descendre à la 12ème place du classement mondial des pays contributeurs en valeur relative, avec un montant équivalent à 0.38% de son RNB. C’est mieux qu’en 2015 (0,37%), mais les financements français à destination des pays en voie de développement restent encore trop faibles et bien en dessous des normes internationales. L’engagement de la communauté internationale d’allouer 0.7 % de son APD remonte à 1970 et pourtant, ce seuil n’a encore jamais été atteint par la France. De plus, cette faible hausse ne vient malheureusement pas combler les baisses consécutives de ces six dernières années atteignant 16% soit 1,8 milliard de dollars. 

Pourtant, l’actualité nous rappelle l’immense besoin d’investissements financiers en faveur du développement dans les pays les moins avancés. La prolifération des crises alimentaires, notamment dans la Corne de l’Afrique (Nigéria, Somalie, Soudan du Sud) et au Yémen, et des désastres climatiques et écologiques, nécessite une réponse humanitaire aujourd’hui gravement sous-financée.

En cette période électorale cruciale, Action contre la Faim demande au prochain chef de l’Etat que l’engagement des 0.7% du RNB soit enfin atteint d’ici à 2022.

Au-delà des investissements, nous souhaitons que ces dépenses soient pilotées par un ministère du développement et de la solidarité internationale. Celui-ci serait chargé de s’assurer que ces flux financiers ne servent pas d’autres causes que celle de la lutte contre la pauvreté dans le monde, et de la transparence de leur gestion.

En effet, sur le terrain de la transparence, le classement des opérateurs de l’aide française est peu enviable. Selon l’Aid Transparency Index 2016, le Ministère de l’économie et des finances se classe à la 44ème place sur 46 agences, le Ministère des affaires étrangères  est 36ème place et  l’Agence Française de Développement 32ème.

Il nous semble essentiel de rappeler que l’objectif central de l’aide publique au développement est, comme son nom l’indique, de venir en aide aux pays rencontrant des difficultés de développement. Infrastructures de qualité, renforcement des systèmes d’accès à l’eau et aux soins, sécurité alimentaire, financement de l’éducation et des systèmes de santé : autant de défis que l’APD peut relever.

C’est pour cela que nous sommes singulièrement attachés au principe de ne pas conditionner l’aide publique au développement. N’en déplaise à certains de ses détracteurs, celle-ci n’est ni un instrument de contrôle des flux migratoires, ni un outil de diplomatie économique voué à assurer le rayonnement économique de la France dans des pays à fort potentiel marchand, ni un dispositif dicté par des logiques sécuritaires.

Enfin, la France doit financer l’accueil des réfugiés mais pas au détriment d’autres projets de développements. Elle doit, à la fois augmenter le montant dédié à l’accueil des réfugiés et le montant global de l’APD dont l’utilité, est avant tout, de financier des projets directement dans les pays en voie de développement.

Plus de 8000 enfants meurent chaque jour des suites de la sous-nutrition. 795 millions de personnes souffrent de la faim. Les Objectifs de développement durable le disent et plus particulièrement le deuxième « L’élimination de la faim, la garantie de la sécurité alimentaire, l’amélioration de la nutrition ainsi que la promotion de l’agriculture durable » est réalisable d’ici 2030.

C’est enfin pour cela que nous appelons le futur gouvernement à faire de l’aide au développement la Grande Cause nationale pour 2017.